
Paris-Roubaix: en repérage, Pogacar déjà star du Carrefour de l'Arbre

Au Carrefour de l'Arbre surgit Tadej Pogacar sous les applaudissements du public, curieux de voir le champion du monde se tester sur les pavés vendredi, deux jours avant son premier Paris-Roubaix.
Maillot arc-en-ciel sur le dos, une flèche découpe les champs jaunes et verts. Courbé sur son vélo, mains sur les "cocottes", Tadej Pogacar fuse sur les pavés, suivi de deux coéquipiers et d'un nuage de poussière.
Au bout du chemin, la banderole noire aux cinq étoiles tout juste installée, indique l'un des trois secteurs les plus exigeants du parcours - avec la Trouée d'Aremberg et Mons-en-Pévèle -, celui qui désigne souvent le maître de l'Enfer du Nord.
Couvrant à peine de leurs applaudissement les fracas des machines sur les pavés, des dizaines d'amateurs, parfois à vélo, acclament "Pogi", tout frais vainqueur du Tour des Flandres où il a fait craquer son rival Mathieu van der Poel dimanche, dans l'ascension du Vieux Quaremont.
Certains étaient aux premières loges longtemps avant l'arrivée du Slovène, vers 13h00, pour assister au ballet saccadé des cyclistes professionnels ou amateurs. Sous l'inhabituel ciel bleu du Nord, toutes sortes de vélos défilent: route, gravel, VTT et même... un tandem.
Sur sa chaise de camping, Mathis, 13 ans, s'est installé tôt le matin, comme tous les jours depuis mercredi, pour la troisième année de suite. Le jeune passionné de vélo, qui habite juste à côté, à Cysoing, où il affirme avoir été doublé par Pogacar "la semaine dernière", croit en ses chances, mais "il ne faut pas qu'il chute".
Si Pogacar gagne à Roubaix, il remportera son neuvième Monument. Ne manquera plus à son palmarès que Milan-Sanremo.
- "Il rend le cyclisme ennuyeux" -
Un peu plus loin, un couple de quinquagénaires est venu des Alpes. Après avoir parcouru le Carrefour de l'Arbre sur son gravel, Éric Martin livre ses premières impressions: "Bien sec, bien poussiéreux, les pavés sont toujours autant disjoints qu'anciennement, pas trop d'arbres sur les côtés donc on peut les prendre pour récupérer un petit peu de vitesse."
L'homme de 53 ans n'en est pas à son coup d'essai: il a déjà fait le parcours une douzaine de fois, courant même Paris-Roubaix en amateur "il y a très longtemps". Mais l'expérience ne fait pas tout et "c'est Pogacar qui va gagner", selon lui.
À peine descendue de son vélo, Caroline Troll, qui a fait le chemin depuis le Yorkshire pour participer à la cyclosportive, "ne veu(t) pas qu'il gagne".
"Je ne crois pas qu'il soit bon pour le vélo parce qu'il rend le cyclisme ennuyeux" en tuant le suspense, affirme la Britannique de 64 ans. Elle aime les courses indécises, comme Milan-sanremo le 22 mars, quand Mathieu van der Poel l'a emporté en réglant au sprint Filippo Ganna et... Pogacar.
- "Il roule pour gagner" -
Le coureur slovène de 26 ans s'attaque à l'un de ses plus grands défis: dompter les pavés de l'Enfer du Nord, sans avoir la morphologie de ses plus grands champions.
Au Carrefour de l'Arbre, il est allé vite, très vite, sans Nils Politt, qui devrait le protéger une bonne partie de la course dimanche. Le grand Allemand (1,92 mètre) a préféré contourner le secteur.
"Il va toujours à bloc à l'entraînement, c'est son style", commente Fabio Baldato, l'un des directeurs sportifs de Pogacar au sein de l'équipe des Émirats arabes unis.
Les ambitions du récent vainqueur du Ronde sont claires, selon l'Italien: "Il roule pour gagner." "Ça va être son premier Paris-Roubaix, mais son premier Tour des Flandres (en 2022), il a failli le gagner. Ensuite il l'a gagné deux fois", sourit-il.
La reco', c'est "surtout pour avoir bien en tête tous les secteurs, les tronçons avec des trous particuliers", rappelle-t-il. Long de 2,1 km, le Carrefour de l'Arbre est situé à quelque 17 kilomètres de l'arrivée. Le premier à en sortir gagne souvent Paris-Roubaix.
N.David--PS