
Yémen: 74 morts dans des raids américains selon les Houthis, attaques des insurgés

Des frappes américaines sur un port pétrolier stratégique au Yémen ont fait 74 morts, ont affirmé vendredi les rebelles houthis en revendiquant de nouvelles attaques contre des porte-avions américains et Israël.
Les frappes américaines survenues jeudi soir sont les plus meurtrières depuis le début le 15 mars des bombardements américains ordonnés par le président Donald Trump contre les Houthis soutenus par l'Iran.
L'armée américaine a annoncé avoir ciblé et détruit le port de Ras Issa dans la région de Hodeida (ouest), contrôlé par les Houthis.
Les Etats-Unis ont voulu "éliminer cette source d'hydrocarbures pour les terroristes houthis et les priver du revenu illégal qui a financé leurs actions pour terroriser toute la région depuis plus de dix ans", a dit le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom).
"Le bilan de l'attaque de l'ennemi américain contre les installations de Ras Issa est monté à 74 martyrs et 171 blessés", a affirmé Anees Alasbahi, le porte-parole du ministère de la Santé des Houthis qui contrôlent de vastes pans du Yémen en guerre.
Cela porte à 198 morts le nombre de personnes tuées dans les bombardements américains depuis mars, a-t-il précisé à l'AFP.
L'administration Trump a annoncé le 15 mars une offensive militaire contre les Houthis, pour les contraindre à cesser de menacer les navires empruntant des routes maritimes cruciales pour le commerce international.
L'attaque du port de Ras Issa a "causé des dégâts importants" qui "affecteront la navigation et l'approvisionnement en pétrole (...) exacerbant les souffrances du peuple yéménite", a affirmé la chaîne des rebelles, Al-Massirah, en citant un communiqué des autorités portuaires.
- "Mort à l'Amérique, Mort à Israël" -
La chaîne a diffusé des images de nuit montrant des corps maculés de sang gisant au sol, ainsi que des secouristes transportant des blessés sur des civières, dont l'un présentait des brûlures aux bras et jambes.
Des images ont aussi montré au moment des frappes une boule de feu éclairant la zone où se trouvent des navires, et d'épaisses volutes de fumée.
Lors d'une manifestation massive organisée vendredi dans la capitale Sanaa, contrôlée par les rebelles, le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Saree, a affirmé que les insurgés avaient tiré des missiles en direction d'Israël, où l'armée a annoncé le matin l’interception d'un missile en provenance du Yémen.
Les Houthis ont également dit avoir visé deux porte-avions américains au large du Yémen, le Harry S. Truman et le Carl Vinson.
"La poursuite de l'agression contre notre pays ne fera qu'augmenter les opérations" des Houthis, a déclaré M. Saree devant la foule venue protester contre les frappes américaines et témoigner son soutien aux Palestiniens de Gaza.
Des rassemblements similaires ont eu lieu dans plusieurs régions sous le contrôle des Houthis, notamment à Saada (nord), où des centaines de personnes ont défilé aux cris de "Mort à l'Amérique, Mort à Israël", selon des images diffusées par Al-Massirah.
Les Houthis, avec le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien notamment font partie de ce que l'Iran présente comme un "axe de la résistance" face à Israël, son ennemi.
L'Iran a dénoncé comme "barbares" les frappes américaines au Yémen.
- "Un signal à Téhéran" -
Les Etats-Unis, qui ont désigné les Houthis comme organisation terroriste étrangère, ont imposé jeudi des sanctions contre une banque du Yémen et ses principaux dirigeants, en raison de son soutien "essentiel" aux Houthis.
Après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, les Houthis ont mené des attaques de missiles contre Israël et des navires accusés de liens avec Israël en mer Rouge et dans le Golfe d'Aden, en affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.
Les attaques dans cette zone maritime essentielle pour le commerce mondial, ont perturbé le trafic maritime international et poussé les Etats-Unis à mettre en place une coalition navale multinationale et à frapper des cibles rebelles au Yémen, parfois avec l'aide du Royaume-Uni.
L'attaque sur le port de Ras Issa intervient avant des pourparlers entre les Etats-Unis et l'Iran samedi sur le nucléaire iranien.
"Les actions militaires au Yémen envoient clairement un signal à Téhéran", a affirmé à l'AFP l'analyste Mohammed Al-Basha, basé aux Etats-Unis. "Le message aujourd'hui est sans équivoque: les Etats-Unis visent non seulement les ressources militaires et le personnel des Houthis, mais aussi leur infrastructure économique."
P.Roux--PS