Gaza: 14 morts dont des enfants dans des frappes israéliennes selon les secours
La Défense civile palestinienne a annoncé la mort de 14 personnes, dont 10 membres d'une même famille, dans des frappes israéliennes vendredi dans la bande de Gaza, l'ONU dénonçant l'impact de ces opérations sur les civils, en particulier enfants et femmes.
Sept enfants figurent parmi les dix Palestiniens, âgés de trois à 58 ans, tués dans un raid nocturne à Khan Younès dans le sud du territoire palestinien assiégé par Israël, a déclaré à l'AFP Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile.
L'armée israélienne a dit examiner ces informations.
Dans la cour de l'hôpital Nasser de Khan Younès, des habitants pleurent devant des corps de proches tués dans la frappe israélienne, alignés dans des sacs mortuaires blancs, selon des images de l'AFP. Une femme en larmes caresse le visage d'un homme défunt.
La maison de la famille al-Farra a été complètement éventrée, des gravats et objets personnels - une chaussure de sport, un ballon de football - jonchent le sol alentour.
"Au cours de la nuit, les troupes israéliennes ont intensifié leurs opérations terrestres dans le couloir de Morag", a indiqué l'armée, en référence à une zone tampon instaurée entre Khan Younès et Rafah, plus au sud.
La Défense civile a aussi fait état d'au moins quatre autres Palestiniens tués dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, dévastée par la guerre déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
L'armée israélienne a annoncé avoir abattu "deux terroristes" tirant sur des soldats dans le sud de Gaza, après avoir fait état de frappes contre une quarantaine de "cibles terroristes" à travers le territoire palestinien ces dernières 24 heures.
- "Uniquement des femmes et des enfants" -
Selon le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, "entre le 18 mars et le 9 avril 2025, il y a eu environ 224 frappes israéliennes sur des immeubles résidentiels et des tentes pour déplacés" et pour "36 frappes répertoriées et corroborées" par le Haut-Commissariat, les victimes "étaient uniquement des femmes et des enfants jusqu'à présent".
L'armée israélienne répète que les combattants palestiniens se réfugient parmi les civils, utilisés selon elle comme boucliers, ce que le Hamas dément.
Israël a repris son offensive le 18 mars à Gaza, rompant une trêve de deux mois. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient qu'une pression militaire accrue est le seul moyen de forcer le Hamas à rendre les otages, morts ou vivants, encore captifs dans Gaza.
Au moins 1.542 Palestiniens ont été tués depuis le 18 mars, portant à 50.912 le nombre de morts dans le territoire depuis le début de l'offensive israélienne lancée en représailles à l'attaque du 7-Octobre.
Cette attaque a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. Sur les 251 personnes alors enlevées, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 mortes selon l'armée israélienne.
Vendredi, des médias israéliens ont rapporté que l'Egypte et Israël avaient échangé des projets de documents portant sur un accord de cessez-le-feu et de libération d'otages.
Selon le Times of Israël, la proposition égyptienne prévoirait la remise à Israël de 16 otages, huit vivants et huit morts, en échange d'une trêve de 40 à 70 jours et de la libération d'un grand nombre de prisonniers palestiniens.
Un haut responsable du Hamas a affirmé sous couvert de l'anonymat que son mouvement n'avait "reçu aucune nouvelle offre de cessez-le-feu", mais qu'il était "ouvert à toute nouvelle proposition" menant à un cessez-le-feu et au retrait israélien de Gaza.
- Un cimetière pour refuge -
Dans un message pour Pessah, la Pâque juive, Benjamin Netanyahu a réaffirmé son engagement à ramener les otages.
Le chef de la diplomatie saoudienne Fayçal ben Farhane a appelé, après une réunion avec ses homologues régionaux en Turquie, à exercer une "pression maximale pour garantir" l'acheminement à Gaza de l'aide humanitaire, dont Israël bloque l'entrée depuis début mars.
Dans le territoire palestinien qualifié de "champ de mort" par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, les quelque 2,4 millions d'habitants ont été plusieurs fois déplacés par la guerre et vivent dans des conditions très dures.
L'armée israélienne a lancé de nouveaux appels aux habitants à évacuer des quartiers de Gaza-ville (nord) et de Khan Younès.
"Nous sommes contraints de fuir d'un endroit à un autre", confie Ibtissam Abu Ghanima, qui s'est réfugiée dans un cimetière de Gaza-ville. "Les morts sont mieux lotis que les vivants. En plus de l'odeur nauséabonde, on côtoie les rats et les reptiles, et on meurt de faim."
T.Girard--PS