Droits de douane: Trump promet un happy end
Le président Donald Trump a une nouvelle fois défendu jeudi son offensive douanière visant à rapatrier de la production aux Etats-Unis, même si elle s'accompagne d'un "coût", de "problèmes" et de marchés en berne.
"La transition aura un coût et posera des problèmes, mais en fin de compte, ça sera une bonne chose", a assuré le président américain en Conseil des ministres.
Le ministre des Finances Scott Bessent a affirmé quelques minutes plus tard, lors de cette même réunion, qu'il ne voyait "rien d'inhabituel aujourd'hui" sur les marchés.
Wall Street, qui avait ouvert dans le rouge, s'est enfoncée dans la journée (avec des indices en baisse d'environ -4% vers 18H00 GMT) après l'annonce par la Maison Blanche que sa surtaxe sur les produits chinois était désormais de 145%, douchant une partie des espoirs de désescalade dans la guerre commerciale lancée par Donald Trump.
Le pétrole et le dollar ont aussi reculé franchement face aux craintes de ralentissement mondial de l'activité. L'or a franchi un nouveau record.
Mercredi, le président américain a opéré un revirement spectaculaire en concentrant toutes ses flèches sur la Chine et en offrant un peu de répit aux autres partenaires commerciaux des Etats-Unis. Ceux-ci restent toutefois toujours visés depuis samedi par 10% de droits de douane additionnels sur leurs exportations vers la première puissance mondiale.
Face à la détermination de Pékin à rendre quasiment coup pour coup, Donald Trump a frappé les produits chinois de 125% de droits de douane additionnels.
La Maison Blanche a précisé jeudi, via un décret présidentiel, que cela porterait en fait la surtaxe sur le "made in China" à 145%, en tenant compte d'autres droits de douane - de 20% - mis en place par le milliardaire républicain pour punir la Chine d'héberger sur son sol des ateliers jouant un rôle dans la production de fentanyl, un opioïde à l'origine d'une grave crise sanitaire aux Etats-Unis.
Autres subtilités: cette surtaxe touchera la majorité des produits chinois mais pas tous (les semiconducteurs sont exemptés par exemple), et arrive en supplément des droits de douane qui existaient avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
- "Très intelligente" -
Désormais isolées dans leur combat face à l'administration américaine, les autorités chinoises ont continué jeudi de tenir tête à Washington, promettant de "se battre jusqu'au bout" tout en se montrant disposées à rechercher un compromis.
"La porte est ouverte pour des négociations, mais ce dialogue doit être mené sur un pied d'égalité et basé sur le respect mutuel", a prévenu le ministère chinois du Commerce.
Les pays de l'Asean, bloc régional regroupant dix pays d'Asie du Sud-Est, dont le Vietnam et le Cambodge, se sont engagés jeudi à "ne pas imposer de mesures de rétorsion" contre les Etats-Unis.
L'Union européenne a de son côté suspendu sa riposte pour "donner une chance aux négociations", selon la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
"Si les négociations ne sont pas satisfaisantes, nos contre-mesures [sur les produits américains] entreront en vigueur", a-t-elle cependant prévenu.
La décision de l'UE a été qualifiée de "très intelligente" jeudi par Donald Trump.
- "Un autre monde" -
Son principal conseiller économique, Kevin Hassett, a assuré sur le média CNBC qu'il fallait "créer la pression suffisante" sur les partenaires de Washington pour rapatrier des activités industrielles aux Etats-Unis.
D'après Donald Trump, plus de 75 pays se sont d'ores et déjà manifestés pour négocier avec les Etats-Unis.
Mais, selon le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz, les pays ne savent pas "comment négocier" avec les Etats-Unis car "il n'y a pas de théorie économique derrière ce qu'il [Donald Trump] fait".
"C'est un autre monde", a-t-il déclaré dans une interview avec l'émission indépendante Democracy Now!
Autre conséquence de l'offensive douanière américaine: l'accélération de la recomposition des relations commerciales. L'UE a ainsi annoncé jeudi que les Vingt-Sept allaient démarrer des négociations avec les Emirats arabes unis en vue d'un accord de libre-échange
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X.Francois--PS