
Deuxième échange de prisonniers entre Moscou et Washington, nouveau signe de réchauffement

Washington et Moscou ont procédé jeudi à un deuxième échange de prisonniers depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, nouveau signe du réchauffement des relations entre les deux superpuissances amorcé par Washington.
Cette libération intervient le jour d'une nouvelle réunion russo-américaine à Istanbul, autre signe du rapprochement russo-américain.
La Russo-Américaine Ksenia Karelina, condamnée à 12 ans de prison pour "trahison" en Russie en 2024, a été échangée à Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, contre le Germano-Russe Arthur Petrov. Il était accusé par la justice américaine d'avoir soutenu l'effort de guerre russe en Ukraine en exportant illégalement des composants électroniques.
"L'Américaine Ksenia Karelina est dans l'avion qui la ramène aux Etats-Unis. Elle a été détenue injustement par la Russie pendant plus d'un an et le président Trump a obtenu sa libération", a annoncé sur X le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio.
L'avocat de Ksenia Karelina, Mikhail Mouchaïlov, a affirmé qu'elle avait été "échangée". Les services de sécurité russe FSB ont confirmé peu après, dans un communiqué cité par les agences russes, que "le citoyen russe Arthur Petrov est de retour à la maison" après avoir "été échangé contre la citoyenne américaine Ksenia Karelina".
Le FSB a diffusé une vidéo, publiée par les médias russes, montrant Ksenia Karelina sortant d'une camionnette escortée par une personne cagoulée et montant dans un avion, de nuit. On voit également Arthur Petrov sur un tarmac, de jour, entouré de personnes aux visages floutés. Il monte à bord d'un avion où une personne prend sa tension artérielle, se dit fatigué après ne pas "avoir dormi depuis deux jours".
Le ministère émirati des Affaires étrangères s'est félicité du choix d'Abou Dhabi, reflet de "l'amitié étroite" avec les deux superpuissances, formulant l'espoir de "contribuer à une désescalade des tensions".
- Réunion à Istanbul -
Selon le Wall Street Journal, le directeur de la CIA, John Ratcliffe, présent à Abou Dhabi, a négocié cet échange avec un haut responsable du renseignement russe.
"Cet échange montre l'importance de maintenir la communication avec la Russie, malgré les profondes difficultés qui pèsent sur nos relations bilatérales", a déclaré une porte-parole de la CIA au journal américain. "Nous considérons cet échange comme une avancée positive".
C'est le deuxième échange depuis le retour à la Maison Blanche en janvier de Donald Trump, qui a impulsé avec son homologue Vladimir Poutine un rapprochement spectaculaire.
Les deux puissances ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, fortement dégradées par des années de tensions, que l'assaut russe contre l'Ukraine depuis 2022 a exacerbées.
Plusieurs rencontres bilatérales ont déjà eu lieu et de nouveaux pourparlers entre Russes et Américains concernant leurs missions diplomatiques ont commencé jeudi à Istanbul dans le huis clos du consulat russe, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.
"Les discussions seront approfondies et dureront plusieurs heures, mais il est peu probable qu'elles soient aussi longues" que celles du 27 février, a indiqué jeudi une source russe à l'agence Ria Novosti.
- Une cinquantaine de dollars -
Née en 1991, Ksenia Karelina avait été condamnée en 2024 à 12 ans de prison pour avoir fait notamment un don d'une cinquantaine de dollars à une organisation ukrainienne.
Le tribunal russe avait affirmé que ces fonds avaient été "utilisés pour l'achat d'équipement médical, d'armes et de munitions par les forces armées ukrainiennes".
Vivant en Californie, celle qui se présentait comme esthéticienne sur son compte Instagram avait été arrêtée alors qu'elle rendait visite à sa famille en Russie. Elle a toujours rejeté les accusations de la justice russe.
De son côté, Arthur Petrov, à la double nationalité allemande et russe, était accusé par la justice américaine d'avoir exporté illégalement vers la Russie des composants électroniques pour usage militaire, en violation des sanctions américaines contre Moscou liées au conflit en Ukraine.
D'après Washington, M. Petrov possédait une société écran à Chypre, où il avait été interpellé en août 2023 avant d'être extradé aux Etats-Unis.
Mi-février, après le premier appel entre Vladimir Poutine et Donald Trump depuis le retour du milliardaire au pouvoir, Kalob Wayne Byers, un Américain arrêté à un aéroport moscovite pour avoir transporté des friandises au cannabis, avait été libéré, apparemment sans contrepartie.
Début février, Washington et Moscou avaient déjà échangé l'enseignant américain Marc Fogel contre un expert russe en informatique, Alexander Vinnik.
Le 1er août 2024, les puissances rivales ont procédé au plus grand échange de prisonniers depuis la fin de la Guerre froide. Des journalistes, dont le reporter du Wall Street Journal Evan Gershkovich, et des opposants détenus en Russie ont été échangés contre des espions russes présumés détenus en Occident.
Plusieurs Américains restent incarcérés dans des prisons russes, Washington dénonçant des "prises d'otages" pour obtenir la libération de Russes -- dont des espions présumés -- emprisonnés en Occident.
N.David--PS