
Objectif Mars: le probable futur patron de la Nasa veut privilégier la planète rouge

L'homme d'affaires Jared Isaacman, choisi par Donald Trump pour prendre la tête de la Nasa, a dit mercredi vouloir donner la priorité à l'envoi d'astronautes sur Mars, un projet ambitieux qu'il entend mener sans faire l'impasse sur la Lune.
"Nous donnerons la priorité à l'envoi d'astronautes américains sur Mars, et en cours de route, nous aurons inévitablement les capacités de retourner sur la Lune", a assuré Jared Isaacman devant une commission de sénateurs chargés de le confirmer à ce poste.
Questionné par les parlementaires sur les implications de ce changement d'objectif, M. Isaacman a nié vouloir abandonner la Lune. Pour lui, il est possible "de réaliser l'impossible" et de poursuivre conjointement ces deux objectifs.
"Si nous pouvons concentrer nos ressources, la plus grande agence spatiale du monde n'aura pas à prendre de décision binaire entre la Lune et Mars, ou la Lune avant Mars", a-t-il lancé, souhaitant que ses "filles voient des astronautes américains marcher sur la Lune".
Une référence à Artémis, programme phare de la Nasa qui prévoit le retour des astronautes américains sur la surface lunaire. Ce projet ambitieux et onéreux avait été annoncé en 2017 sous le premier mandat de Donald Trump et a pour objectif d'établir une présence humaine durable sur la Lune et de préparer de futures missions sur Mars.
- Course contre la montre -
Mais en raison de son coût pharamineux et de nombreux retards, plusieurs voix critiques au sein du nouveau gouvernement américain réclament qu'il soit totalement revu, voire annnulé.
Une incertitude renforcée par les propos du président Donald Trump qui a promis de "planter la bannière étoilée sur la planète Mars" à plusieurs reprises depuis son retour au pouvoir en janvier, sans mentionner la Lune.
Elon Musk, désormais premier conseiller du républicain, pourrait jouer un rôle essentiel dans la primauté accordée à la planète route.
L'homme le plus riche du monde est obsédé par Mars. Connu pour ses projections très optimistes, il prévoit d'y poser sa fusée Starship dès 2026 et d'y lancer des missions habitées dès 2028.
Réformer ou abandonner Artémis, dans lequel de nombreux pays sont partenaires, représenterait un séisme pour le secteur spatial et mettrait en péril de nombreux emplois, ce qui explique que de nombreux élus y soient opposés.
Une telle issue menacerait aussi les ambitions géopolitiques des Etats-Unis et avantagerait des acteurs comme la Chine, prévient le sénateur républicain Ted Cruz.
"Un changement radical de priorité à ce stade conduirait certainement à une +Lune rouge+", a-t-il lancé. "J'ai du mal à imaginer une erreur plus catastrophique (...) que de dire à la Chine communiste: +la Lune vous appartient+".
Jared Isaacman a tenté d'apaiser ces craintes en assurant vouloir que "l'Amérique gagne" la course à la domination spatiale, tant sur la Lune que sur Mars.
- Proximité avec Elon Musk -
Après plusieurs reports, la mission Artémis 3, qui doit envoyer les premiers astronautes sur la Lune depuis la dernière mission Apollo en 1972, est aujourd'hui prévue pour la "mi-2027". Elle sera précédée par la mission Artémis 2 qui fera un tour de l'astre sans s'y poser.
Tout changement ferait courir le risque de nouveaux retards et d'offrir un avantage à la Chine, la grande rivale, qui a annoncé vouloir envoyer des hommes sur la Lune d'ici 2030.
Pour autant, nombre d'experts s'attendent à une évolution du programme et notamment le possible abandon de la coûteuse fusée SLS prévue pour Artémis. Une option qu'a semblé écarter M. Isaacman, selon qui il s'agit encore du meilleur moyen de retourner sur l'astre dans l'immédiat.
Agé de 42 ans, Jared Isaacman est un entrepreneur qui a fait fortune dans les paiements en ligne. Milliardaire et passionné d'espace, il a volé à plusieurs reprises dans l'espace à bord de missions privées menées par SpaceX, l'entreprise d'Elon Musk, dont il est réputé être proche.
En novembre 2024, il est devenu le premier astronaute privé à réaliser une sortie extra-véhiculaire, une opération risquée jusqu'ici réservée aux professionnels.
T.Girard--PS