
La guerre des droits de douane s'enflamme et fait plonger les marchés mondiaux

La Chine a annoncé mercredi une hausse massive de ses droits de douane sur les produits américains, en représailles aux surtaxes instaurées par Washington, alimentant une nouvelle panique sur les marchés mondiaux et la crainte d'une guerre commerciale sans fin.
Face à la réplique de Pékin, le président Donald Trump s'est contenté dans l'immédiat d'appeler une nouvelle fois les entreprises étrangères à s'installer aux Etats-Unis pour éviter les droits de douane. "C'est un moment idéal (...) N'attendez pas", a-t-il écrit sur sa plateforme Truth Social.
Cette nouvelle escalade entre les deux grandes puissances mondiales est survenue quelques heures après l'entrée en vigueur à 04H00 GMT d'une nouvelle salve de droits de douane américains pour 60 pays. En ajoutant celles qui étaient déjà entrées en vigueur depuis janvier, le total des surtaxes atteint désormais 104% pour les produits "made in China", ce qui revient à en doubler les prix.
Pékin a répliqué du tac-au-tac. Dans un communiqué, le ministère chinois du Commerce a annoncé des droits de douanes supplémentaires de 84% sur les produits américains à partir de ce jeudi à 12H01 heure chinoise (04H01 GMT), en lieu et place des 34% annoncés vendredi dernier.
"Nous continuerons à prendre des mesures fermes et vigoureuses pour sauvegarder nos droits et intérêts légitimes," avait prévenu un peu plus tôt un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, en invoquant "le droit inaliénable et légitime au développement du peuple chinois".
- "Panique généralisée" -
Ce cycle de représailles, qui fait craindre une envolée de l'inflation et une chute de la consommation et de la croissance mondiale, fait souffler un nouveau vent de panique mercredi sur les marchés boursiers, après un petit répit la veille.
En Europe, les principaux indices à Paris, Francfort ou Londres perdaient près de 4% en début d'après-midi. Et Wall Street était partie pour ouvrir en baisse.
Le baril de pétrole est de son côté tombé sous le seuil de 60 dollars, au plus bas depuis février 2021.
Plus tôt, l'indice japonais Nikkei avait terminé sur un plongeon de 3,93%. D'autres places en Asie ont également chuté, comme Taipei (-5,8%) ou Séoul (-1,73%).
Avec l'escalade sino-américaine, "toute illusion de répit vient d'être anéantie", "réduisant à néant ce qui restait d'appétit pour le risque et plongeant les marchés dans une panique généralisée", a commenté Stephen Innes, analyste chez SPI Asset Management.
Première banque centrale à réagir, celle de Nouvelle-Zélande a réduit ses taux d'intérêt de 25 points de base à 3,5%. La Banque centrale indienne a elle abaissé ses taux d'intérêt à 6%.
Les "risques liés à la fragmentation du commerce mondial de biens et sur les marchés financiers se sont intensifiés" et pourraient "nuire à la stabilité financière", a prévenu de son côté la Banque d'Angleterre.
- "Accords sur mesure" -
Lors d'un dîner mardi soir, le président américain s'était pourtant voulu rassurant, en assurant que des dizaines d'Etats -- y compris la Chine d'après lui -- souhaitaient tout faire pour trouver "des accords sur mesure" avec Washington.
"Ces pays nous appellent pour nous lécher le cul (...) Ils meurent d'envie de signer un accord: +pitié, pitié, monsieur, signons un accord, je ferai n'importe quoi" pour cela", avait-il plastronné, en imitant ses supposés interlocuteurs.
Dans ce contexte électrique, l'Union européenne continue à peser sa réponse.
L'UE, visée par une surtaxe de 20%, a proposé de répliquer aux taxes américaines sur les importations d'acier par des droits de douane de 25% sur des marchandises américaines, mais épargnera le bourbon, pour éviter des représailles visant les vins et spiritueux européens.
"L'objectif est d'arriver à une situation où le président Trump revienne sur sa décision", a assuré mardi le président français Emmanuel Macron.
Considérée comme plus proche de Donald Trump, la Première ministre italienne d'extrême droite Giorgia Meloni a annoncé mardi soir qu'elle se rendrait à Washington le 17 avril.
Les craintes sur le commerce mondial ont poussé l'Italie à diviser par deux mercredi sa prévision de croissance pour 2025, à 0,6%. En France, elle devrait plafonner à 0,5%, selon l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui tablait jusqu'à présent sur 0,8%.
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E.Roger--PS