
Les surtaxes de Trump pour 60 pays provoquent la panique sur les marchés mondiaux

Les marchés ont replongé mercredi avec l'entrée en vigueur d'une nouvelle salve de droits de douane américains pour une soixantaine de pays, dont un taux de plus de 100% pour la Chine, qui a promis une réponse "ferme et vigoureuse".
Face à cette escalade entre les deux grandes puissances mondiales, plusieurs banques centrales ont manifesté leur inquiétude, de l'Inde à l'Angleterre en passant par la Nouvelle Zélande. Et l'Italie a annoncé diviser par deux sa prévision de croissance pour 2025, à 0,6% contre 1,2% auparavant.
Sur les 60 pays concernés par les surtaxes supplémentaires décidées par le Donald Trump et entrées en vigueur à 04H00 GMT, c'est le rival et adversaire chinois qui écope de la surtaxe la plus sévère: les droits de douane sur ses produits augmentent de 34% à 84%.
Cette nouvelle hausse --qui s'ajoute aux 20% appliqués depuis janvier -- a été décidée en représailles à la riposte de Pékin, qui a décidé de relever de 34 points ses droits de douane sur les produits américains à compter de ce jeudi.
Face à cette surtaxe totale de 104% qui devrait faire doubler le prix des produits chinois aux Etats-Unis, Pékin fait voeu d'intransigeance.
"Nous continuerons à prendre des mesures fermes et vigoureuses pour sauvegarder nos droits et intérêts légitimes," a prévenu un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, en invoquant "le droit inaliénable et légitime au développement du peuple chinois".
La diplomatie russe qui s'est rapprochée de Washington sur le dossier ukrainien, a vivement critiqué les surtaxes voulue par Donald Trump.
"Washington ne se considère pas lié par les normes du droit commercial international", a ainsi dénoncé la porte-parole de la diplomatie russe, jugeant le conflit entre Washington et Pékin d'autant plus inquiétant qu'il concerne "les deux principales économies mondiales".
- "Panique généralisée" -
Ce bras de fer, qui fait craindre une envolée de l'inflation et une chute de la consommation et de la croissance mondiale, a fait souffler un nouveau vent de panique mercredi sur les marchés boursiers, notamment en Asie.
Au Japon, l'indice Nikkei a terminé sur un plongeon de 3,93%, tandis que la monnaie japonaise, considérée comme une valeur refuge, grimpait de 0,7% vers 06H35 GMT face au dollar. D'autres places en Asie ont également chuté, comme Taipei (-5,8%) ou Séoul (-1,73%).
En Europe, les marchés étaient également en forte baisse. Les principaux indices (CAC40, DAX, FTSE) perdaient autour de 3% à la mi-journée, tandis que le pétrole tombait au plus bas depuis février 2021, au-dessous des 60 dollars le baril.
Avec l'escalade sino-américaine, "toute illusion de répit vient d'être anéantie", "réduisant à néant ce qui restait d'appétit pour le risque et plongeant les marchés dans une panique généralisée", a commenté Stephen Innes, analyste chez SPI Asset Management.
Première banque centrale à réagir, celle de Nouvelle-Zélande a réduit ses taux d'intérêt de 25 points de base à 3,5%. La Banque centrale indienne a elle abaissé ses taux d'intérêt à 6%.
La Banque d'Angleterre a souligné dans un nouveau rapport que des "risques liés à la fragmentation du commerce mondial de biens et sur les marchés financiers se sont intensifiés", qui pourraient "nuire à la stabilité financière".
- "Accords sur mesure" -
Le président Trump, qui entend rapatrier la production manufacturière aux Etats Unis, a promis face à cette panique "des accords sur mesure, pas du prêt-à-porter, mais de la haute couture", notamment avec les alliés asiatiques de l'Amérique, Japon et Corée du Sud en tête.
Lors d'un dîner mardi, le milliardaire républicain s'est félicité que des dizaines d'Etats, y compris le Chine d'après lui, "fassent tout" pour trouver un accord avec Washington. "Ces pays nous appellent pour nous lécher le cul", a-t-il plastronné.
Il a par ailleurs rappelé qu'il annoncerait "très rapidement une importante surtaxe sur les produits pharmaceutiques", faisant chuter le cours des entreprises du secteur, à l'image du danois Novo Nordisk (-5,03% à 09H45 GMT) et du français Sanofi (-5,66%).
Dans ce contexte électrique, l'Union européenne continue à peser sa réponse, annoncée pour le "début de semaine prochaine".
L'UE a proposé de répliquer aux taxes américaines sur les importations d'acier par des droits de douane de 25% sur des marchandises américaines, mais épargnera le bourbon, pour éviter des représailles visant les vins et spiritueux européens, selon une liste consultée par l'AFP.
"L'objectif est d'arriver à une situation où le président Trump revienne sur sa décision", a assuré mardi le président français Emmanuel Macron.
Considérée comme plus proche de Donald Trump, la Première ministre italienne d'extrême droite Giorgia Meloni a annoncé mardi soir qu'elle se rendrait à Washington le 17 avril.
burs-vab/cat/ib-rhl
K.Grimaud--PS