
Commerce: tension maximale Chine-USA, mais les marchés remontent

Du simple au double: les Etats-Unis ont mis à exécution la dernière menace de Donald Trump en confirmant mardi une taxation supplémentaire des produits chinois de 104% au total, mais les marchés mondiaux ont repris leur souffle avec la perspective de négociations entre Washington et d'autres pays.
Après leur plongeon de la semaine dernière dans la foulée des hausses de droits de douane annoncées par le président américain, les Bourses européennes ont terminé la séance en forte hausse, Paris prenant 2,50% et Londres +2,71%. L'Asie avait redressé la tête auparavant, Tokyo terminant en hausse de 6,02%.
Mais la confirmation d'une hausse prohibitive des droits de douane américains sur les produits chinois a réduit les gains de Wall Street, où le Dow Jones ne gagnait plus que 0,55% vers 17h45 GMT, après avoir pris plus de 3% dans la matinée.
Des milliers de milliards de dollars sont partis en fumée sur les marchés depuis mercredi dernier, jour de l'annonce par le président américain de droits de douane punitifs pour les importations de la plupart des pays dans le monde.
Estimant que les Etats-Unis sont "pillés" par leurs partenaires commerciaux, Donald Trump impose depuis samedi un taux additionnel de 10% sur tous les produits importés aux États-Unis, avec quelques exceptions comme l'or et l'énergie.
Ce taux doit être relevé dès mercredi pour plusieurs dizaines de partenaires commerciaux majeurs, notamment l'UE (à 20%) et le Vietnam (à 46%).
- Négociations -
L'administration américaine assure néanmoins rester ouverte à la négociation.
Donald Trump a affirmé mardi sur sa plateforme Truth Social avoir eu une "très bonne conversation" avec le Premier ministre et président sud-coréen par intérim Han Duck-soo.
Une délégation sud-coréenne est en route pour les Etats-Unis, a ajouté le milliardaire républicain, évoquant "un accord fantastique entre les deux pays".
Rien de tel en revanche en perspective dans les relations avec Pékin, même si Donald Trump a ajouté que "les Chinois veulent aussi arriver à un accord, désespérément".
"Ils ne savent pas par où commencer. Nous attendons leur appel. Ça finira par arriver", veut croire le président américain.
Mais pour l'heure, Pékin a fermé la porte de la négociation face aux menaces de Washington.
La Chine refuse "la pression, les menaces et le chantage" américains, a dit un représentant du ministère des Affaires étrangères. "Si les États-Unis veulent vraiment dialoguer, alors ils devraient faire preuve d'une attitude basée sur l'égalité, le respect et la réciprocité".
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé à "éviter l'escalade", lors d'un entretien téléphonique avec le Premier ministre chinois Li Qiang. Elle a aussi plaidé pour "une résolution négociée".
- "Priorité aux alliés" -
Washington semble jouer des divisions entre ses partenaires commerciaux.
Le président Trump décidera "quand et si nous devons parler avec la Chine, mais pour l'instant, nous avons reçu l'instruction de donner la priorité à nos alliés et à nos partenaires commerciaux comme le Japon, la Corée et d'autres", a commenté le principal conseiller économique de la Maison Blanche, Kevin Hassett, sur Fox News.
Le ministre américain des Finances Scott Bessent avait, lui, indiqué que "peut-être près de 70 pays" auraient déjà contacté l'administration américaine pour discuter.
L'UE prépare sa propre réponse, qui devrait être présentée "en début de semaine prochaine", d'après un porte-parole de la Commission européenne. Mais selon une liste consultée par l'AFP, le bourbon ne sera pas concerné par la surtaxe de 25% que Bruxelles propose d'imposer sur des produits américains.
"L'objectif est d'arriver à une situation où le président Trump revienne sur sa décision", a déclaré le président français Emmanuel Macron. "Si ça doit passer par un moment où l'on doit expliquer qu'on est prêt à répondre, il faudra assumer de le faire".
- Tensions internes -
Les tensions commerciales se répercutent au sein de l'administration américaine: Elon Musk, qui mène pour le compte du président américain une mission de réduction drastique de la dépense publique, a traité, sur son réseau X, le conseiller au commerce Peter Navarro de "crétin (...) bête comme ses pieds".
M. Musk, qui s'est déjà prononcé en vain en faveur d'une suppression des droits de douane entre l'Europe et les Etats-Unis, a mal pris des propos de M. Navarro sur le manque de pièces américaines dans les automobiles Tesla, dont il est propriétaire.
Alors que le yuan "offshore", la monnaie chinoise circulant hors de Chine, est tombée à son plus bas niveau depuis 2010, la guerre commerciale pourrait saper l'économie mondiale, avec des risques d'inflation, de chômage et de baisse de croissance, avertissent des analystes.
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L.Lefevre--PS