
Paris adopte son troisième plan biodiversité en misant sur les haies

Des kilomètres de haies, plus de zones de réserves dans les bois et des berges de Seine plus "végétales": le Conseil Paris a adopté mardi le plan biodiversité 2025-2030 de la ville, destiné à enrayer le déclin de la faune sauvage, mais sans financement, regrette l'opposition.
"Chaque parc, square, rue et toit végétalisés doivent devenir des refuges pour la faune et la flore", a affirmé la maire socialiste Anne Hidalgo en présentant le projet.
Ce troisième plan du genre depuis 2011 "s'inscrit dans un contexte de régression des politiques nationales de protection de la nature", a affirmé Christophe Nadjowski, adjoint à l'Hôtel de ville en charge des espaces verts, s'en prenant notamment à la loi d'orientation agricole "qui autorise la destruction d'espèces protégées".
Plus de 3.400 espèces sauvages sont observées à Paris, soit 600 de plus que lors du précédent bilan des données naturalistes de 2020, a indiqué l'élu qui a fait valoir la politique "zéro produit phytosanitaire" engagée par la ville il y a 15 ans.
"La biodiversité à Paris se porte mieux, en témoigne la présence de renards roux au cimetière du Père-Lachaise, ou de moules d'eau douce dans la Seine", a décrit Christophe Nadjowski. Plusieurs espèces connaissent néanmoins un effondrement, comme les moineaux domestiques dont plus de 70% de la population a disparu en 20 ans.
Le plan biodiversité prévoit une dizaine de mesures, à commencer par le renforcement de la place des haies, habitats propices à la petite faune. Objectif: déployer, d'ici 2030, au moins 500 mètres linéaires de haies diverses dans les arrondissements centraux, voire "plusieurs kilomètres" dans les arrondissements périphériques.
Cent nouveaux quartiers avec aménagements dédiés à certaines espèces comme le hérisson d'Europe ou la chauve-souris, devraient voir le jour, sur le modèle des "quartiers moineaux" créés avec la Ligue de protection des oiseaux (LPO).
La mairie promet aussi de "retrouver des berges naturelles sur la Seine", axe de déplacement majeur pour les oiseaux, avec la désimperméabilisation et la végétalisation des berges "partout où c'est possible".
D'ici 2030, les parcs et jardins de moins d'un hectare devraient tous disposer d'une mare, selon le plan qui intègre par ailleurs le résultat de la votation citoyenne du 23 mars dernier sur la végétalisation et la piétonnisation de 500 nouvelles rues.
Les bois de Boulogne et de Vincennes, principaux réservoirs de biodiversité de la capitale, devraient disposer de 10% d'espaces de réserves supplémentaires, pour réduire le morcellement des habitats naturels par le trafic routier. La ville va aussi mesurer l'"empreinte biodiversité" de ses achats.
Autant de "belles intentions" pour les élus d'opposition qui ont déploré "l'absence de budget et de planification" de cet "énième plan". Valérie Montandon (LR), du groupe de Rachida Dati, a pointé "l'incohérence flagrante" de la mairie qui "autorise les festivals de grande ampleur au coeur du bois de Vincennes".
La sénatrice LR Agnès Evren, co-présidente du premier groupe d'opposition, a également fustigé la "contradiction" de la mairie qui "multiplie la surdensification minéralisée à coup de construction de tours comme la Tour Triangle".
V.Lambert--PS