
Le Conseil d'Etat rejette la requête de l'influenceur algérien Doualemn contre son arrêté d'expulsion

Le Conseil d'Etat a rejeté mardi la requête en référé de l'influenceur algérien Doualemn, dont le refoulement par l'Algérie avait envenimé les relations entre Paris et Alger et qui contestait le nouvel arrêté d'expulsion prononcé à son encontre.
Saisie d'un référé-liberté, la plus haute juridiction administrative a estimé dans sa décision que le ministre de l'Intérieur, qui a signé cet arrêté, n'avait "pas porté une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale".
De son vrai nom Boualem Naman, l'homme né en 1965, condamné à cinq mois de prison avec sursis après sa diffusion d'une vidéo sur TikTok appelant à "donner une sévère correction" à un opposant au régime à Alger, avait été expulsé le 9 janvier en Algérie, mais les autorités algériennes l'avaient immédiatement renvoyé en France, déclenchant une crise avec Paris.
Il a de nouveau été interpellé le 20 mars à Montpellier par la police aux frontières et placé en centre de rétention administrative (CRA) au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne).
Le 25 mars, le tribunal administratif de Paris avait rejeté une demande de suspension de la décision d'expulsion le visant, estimant que les conditions pour prononcer cette suspension n'étaient "pas réunies".
Il considérait que malgré sa longue présence sur le territoire français, "pendant environ vingt ans en situation irrégulière puis quinze ans en situation régulière", il "ne justifiait ni de liens d'une intensité particulière avec ses enfants majeurs et avec ses petits-enfants ou d'une communauté de vie avec sa compagne, ni d'une intégration professionnelle inscrite dans la durée".
Le Conseil d'Etat a aussi souligné dans sa décision que ses enfants étaient majeurs et que celui qui se trouvait en situation de handicap était à la charge de sa mère. "S'il se prévaut également de son insertion professionnelle en France, il se borne à faire état de quelques contrats de travail de courte durée", a-t-il par ailleurs estimé.
"Il s'agit d'un tournant répressif très grave; une personne étrangère régulière pendant 15 ans peut être expulsée pour des propos isolés", ont réagi ses avocates, Me Marie David-Bellouard et Julie Gonidec, dans un communiqué.
"Le ministre de l'Intérieur a toute latitude pour choisir ses cibles, créer des contextes anxiogènes et réprimer", ont-elles ajouté, indiquant qu'un recours au fond, c'est-à-dire pas en urgence, était toujours en cours pour solliciter l'annulation de l'arrêté d'expulsion.
B.Bernard--PS