
L'Iran estime possible un accord sur le nucléaire si Washington en a la volonté

Le chef de la diplomatie iranienne a estimé mardi qu'un accord pouvait être trouvé avec les Etats-Unis sur le dossier nucléaire si ce pays faisait preuve de bonne volonté, avant des pourparlers qui doivent commencer samedi à Oman.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, va participer à ces discussions avec pour "objectif principal", a-t-il dit, d'obtenir la levée des sanctions américaines, rétablies en 2018 par Donald Trump, qui étranglent l'économie iranienne.
Le président américain avait créé la surprise lundi en annonçant que son pays menait des discussions "directes" avec l'Iran, alors que Washington et Téhéran n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.
L'Iran de son côté s'est dit prêt à discuter mais rejette tout dialogue direct sous la menace et la pression.
"Ces négociations seront menées de manière indirecte et nous n'accepterons aucune autre forme de négociation", a réaffirmé mardi M. Araghchi, cité par l'agence officielle Irna.
En mars, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens appelant à des négociations sur leur programme nucléaire, en vue de remplacer le précédent accord international, devenu caduc depuis que Washington s'en est retiré en 2018.
Mais il a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien.
Lundi, le président américain a annoncé que les Etats-Unis menaient des discussions "directes" avec l'Iran et qu'une rencontre "à très haut niveau" était prévue samedi.
Donald Trump a affirmé que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste" que le précédent. Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.
Après cette annonce, Téhéran a confirmé son refus de pourparlers directs.
M. Araghchi doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence de presse iranienne Tasnim.
"Si l'autre partie a la volonté nécessaire et suffisante, un accord peut être trouvé. En fin de compte, la balle est dans le camp de l'Amérique", a déclaré le ministre, cité par Irna.
"Notre objectif principal dans les négociations est (...) de lever les sanctions" américaines, a-t-il affirmé, ajoutant que le sultanat d'Oman jouerait le rôle de médiateur.
- "Désescalade des tensions" -
L'Iran doit également avoir mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.
Le Kremlin s'est dit mardi favorable aux discussions annoncées par Donald Trump.
"Nous savons que certains contacts directs et indirects sont prévus à Oman. Et, bien sûr, on ne peut que saluer cela car cela peut conduire à une désescalade des tensions autour de l'Iran", a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Pékin a de son côté appelé mardi les Etats-Unis à faire preuve de "sincérité" dans ces pourparlers.
L'accord conclu en 2015 entre l'Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni), plus l'Allemagne, prévoyait la levée de certaines sanctions internationales en échange d'un encadrement du programme nucléaire iranien.
En 2018, durant son premier mandat, Donald Trump a retiré avec fracas son pays de l'accord et rétabli les sanctions. En représailles, l'Iran a pris ses distances avec le texte et accéléré son programme nucléaire.
L'Iran et les Etats-Unis, proches alliés durant la monarchie Pahlavi, n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, après la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.
Les deux pays échangent toutefois indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Oman a également joué un rôle de médiateur dans le passé, comme le Qatar dans une moindre mesure.
V.Lambert--PS