
Paris vote son troisième plan biodiversité en misant sur les haies

Des kilomètres de haies, plus de mares et une Seine plus végétale: la mairie de Paris doit adopter mardi son nouveau plan biodiversité 2025-2030 visant à préserver une faune sauvage en déclin, mais sans budget dédié, regrette l'opposition.
Ce troisième plan depuis 2011 "s'inscrit dans un contexte de régression des politiques nationales de protection de la nature", a affirmé lors d'une conférence de presse Christophe Nadjowski, adjoint à l'Hôtel de ville en charge des espaces verts, qui présente son projet en Conseil de Paris.
L'adjoint à la maire socialiste Anne Hidalgo s'en est notamment pris à la loi d'orientation agricole "qui autorise la destruction de certaines espèces protégées".
Plus de 3.400 espèces sauvages sont observées à Paris, engagée depuis 2009 dans une politique "zéro produit phytosanitaire" pour l'entretien de ses parcs et jardins, et 2015 pour ses cimetières.
"La biodiversité à Paris se porte mieux, en témoigne la présence de renards roux au cimetière du Père-Lachaise", fait valoir Christophe Nadjowski. Plusieurs espèces connaissent néanmoins un effondrement, comme les moineaux domestiques dont plus de 70% de la population a disparu en 20 ans.
Pour tenter d'enrayer ce déclin, la municipalité prévoit une dizaine de mesures dont le renforcement de la place des haies, habitats propices à la petite faune à condition d'être composés de plusieurs essences.
Objectif: déployer, d'ici 2030, au moins 500 mètres linéaires de haies dans les arrondissements centraux, voire "plusieurs kilomètres" dans les arrondissements périphériques. En commençant par un état des lieux, encore jamais entrepris, des haies existantes.
Cent nouveaux quartiers avec aménagements dédiés à certaines espèces comme le hérisson d'Europe ou la chauve-souris, devraient voir le jour, sur le modèle des "quartiers moineaux" crées avec la Ligue de protection des oiseaux (LPO).
La mairie veut aussi "retrouver des berges naturelles sur la Seine", axe de déplacement pour les oiseaux, avec la désimperméabilisation et la végétalisation des berges "partout où c'est possible".
D'ici 2030, les parcs et jardins de moins d'un hectare devraient tous disposer d'une mare, selon le plan qui intègre par ailleurs le résultat de la votation citoyenne du 23 mars dernier sur la végétalisation et la piétonnisation de 500 nouvelles rues.
La mairie va aussi mesurer son "empreinte biodiversité" dans sa politique d'achats.
"Ce plan contient des indicateurs quantitatifs clairs mais l'absence de budgétisation et de mesures opérationnelles risque de mettre en péril son efficacité", a estimé Geoffroy Boulard, co-président LR du premier groupe d'opposition au Conseil de Paris.
Rudolph Garnier (LR), du groupe de Rachida Dati, a taclé un "inventaire à la Prévert", qui selon le troisième groupe de droite mené par Francis Szpiner, "passe à côté de la question de la gestion des arbres".
Maud Gatel, cheffe du groupe MoDem et Indépendants, demande pour sa part "un moratoire sur la destruction de haies existantes comme celles du square de l'Ile-de-France" derrière Notre-Dame de Paris.
P.Roux--PS