
L'Iran ne peut pas avoir d'arme nucléaire, lance Trump à la veille de discussions avec Téhéran

L'Iran ne peut pas avoir d'arme nucléaire, a averti vendredi le président américain Donald Trump, à la veille de pourparlers entre les deux pays ennemis à Oman.
"Je veux que l'Iran soit un pays merveilleux, grand et heureux. Mais il ne peut pas avoir d'arme nucléaire", a affirmé le président américain à bord de l'avion Air Force One en route pour sa résidence de Floride.
Téhéran avait assuré plus tôt vendredi rechercher un accord "sérieux et équitable" avec les Etats-Unis sur son programme nucléaire.
"Loin de se donner en spectacle et de se contenter de parler devant les caméras, Téhéran cherche un accord sérieux et équitable", a dit Ali Shamkhani, un conseiller du guide suprême Ali Khamenei, ultime décideur dans les dossiers sensibles du pays.
Ces discussions se tiennent malgré les menaces du président américain de recourir à l'option militaire en cas d'échec et à de nouvelles sanctions ciblant le programme nucléaire et le secteur pétrolier iraniens.
Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont que des visées civiles.
Les pourparlers d'Oman, les premiers du genre depuis 2018, ont lieu après des semaines de guerre des mots entre les Etats-Unis et la République islamique d'Iran qui cherche à obtenir une levée des sanctions américaines asphyxiantes.
Comme leur durée, leur format reste incertain: l'Iran s'est dit ouvert à des négociations indirectes, refusant tout dialogue direct sous la pression, Donald Trump a lui annoncé des négociations "directes" avec Téhéran.
"Je veux le dire très clairement: il s'agira de discussions directes (...) le président croit en la diplomatie, dans les négociations directes (...) dans une même pièce", a insisté vendredi la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt.
Un accord conclu en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances pour encadrer son programme nucléaire en échange d'une levée des sanctions internationales imposées à Téhéran est devenu caduc après le retrait des Etats-Unis en 2018, pendant le premier mandat de Donald Trump.
- Ligne rouge -
L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doivent piloter les discussions à Oman, qui a déjà joué un rôle de médiateur dans ce dossier.
M. Witkoff était en visite vendredi en Russie, un allié de l'Iran, après des consultations entre experts chinois, russes et iraniens mardi à Moscou.
"Je pense que notre position commence par le démantèlement de votre programme. C'est notre position aujourd'hui", a déclaré M. Witkoff au Wall Street Journal, en parlant du message qu'il entend livrer aux Iraniens.
"Cela ne veut pas dire, d'ailleurs, qu'à la marge nous n'allons pas trouver d'autres moyens pour tenter de parvenir à un compromis entre les deux pays", a-t-il ajouté, en soulignant que la "ligne rouge" pour Washington était "la militarisation de votre capacité nucléaire".
Selon l'agence de presse iranienne Tasnim, les délégations doivent arriver samedi à Oman et entamer des négociations indirectes dans l'après-midi, par l'intermédiaire du chef de la diplomatie omanaise, Badr al-Busaidi.
Donald Trump a averti mercredi qu'une intervention militaire contre l'Iran était "tout à fait" possible si les négociations n'aboutissaient pas. "S'il faut recourir à la force, nous recourrons à la force (...) Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file".
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, partisan d'une ligne très dure contre l'Iran, a jugé "inévitable" l'option militaire contre la République islamique si les discussions traînent.
L'Iran a prévenu que les menaces pourraient entraîner l'expulsion des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Cela constituerait "une escalade et un mauvais calcul", a réagi Washington.
"Si la partie américaine ne soulève pas d'exigences hors de propos et met de côté les menaces et l'intimidation, il y a de bonnes chances de parvenir à un accord", a déclaré vendredi le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi.
- Revers -
L'Iran a subi ces derniers mois les effets des revers militaires infligés par Israël à ses alliés régionaux, le Hamas dans la bande de Gaza et le Hezbollah au Liban.
Ces conflits ont été marqués par des attaques militaires réciproques entre Israël et l'Iran, pour la première fois après des années de guerre par procuration.
Berlin comme l'Union européenne ont souligné l'importance de parvenir à une "solution diplomatique".
Après le retrait américain de l'accord de 2015, l'Iran a pris ses distances avec le texte et accéléré son programme nucléaire.
Il a accru son niveau d'enrichissement de l'uranium jusqu'à 60%, très au-dessus de la limite de 3,67% imposée par l'accord, se rapprochant du seuil de 90% nécessaire à la fabrication d'une bombe atomique.
C.Thomas--PS