Les marchés mondiaux toujours nerveux à l'issue d'une semaine de montagnes russes
Les marchés mondiaux ont clôturé en ordre dispersé vendredi au terme d'une semaine extrêmement mouvementée, marquée par les incessants développements de l'offensive commerciale lancée par Donald Trump, qui a sapé la confiance accordée aux actifs américains.
Dernier épisode en date: la Chine a annoncé vendredi qu'elle porterait ses droits de douane supplémentaires sur les produits américains à 125%, en réaction aux surtaxes monumentales de 145% imposées par la Maison-Blanche cette semaine sur les importations venant de la Chine, quand les autres partenaires commerciaux bénéficient d'un gel pour 90 jours des droits de douane supplémentaires américains.
Cela n'a pas provoqué de gros mouvement des places boursières car "le facteur de surprise est de plus en plus faible (...) à ce stade, quelle que soit l'augmentation des droits de douane, cela ne changera rien, il sera vraiment impossible pour ces importations d'être viables compte tenu des prix", souligne auprès de l'AFP Angelo Kourkafas, d'Edward Jones.
Cependant, "l'expression +montagnes russes+ (...) est probablement le meilleur adjectif pour décrire l'évolution des prix sur les marchés boursiers cette semaine", écrit Adam Turnquist, de LPL Financial.
Vendredi, à Wall Street, le Dow Jones a avancé de 1,56%, l'indice Nasdaq de 2,06% et l'indice élargi S&P 500 a gagné 1,81%. Sur la semaine, les indices de référence de la place américaine s'affichent en nette progression, après des séances en dents de scie.
En Europe, la Bourse de Paris a terminé vendredi en petite baisse de 0,30%, Francfort de 0,92%, Milan de 0,73%. Seule Londres termine en terrain positif (+0,64).
Sur la semaine, les pertes sur le Vieux continent sont finalement limitées: l'indice paneuropéen Stoxx Europe 600, qui réunit les 600 plus grosses capitalisations boursières du Vieux continent, a perdu près de 2%.
Le dollar tombe de son piédestal
Un phénomène ressort face au manque de clarté: "il y a une perte de confiance dans les dirigeants américains et les actifs américains", relève auprès de l'AFP Will Compernolle, de FHN Financial.
La même incertitude pèse sur les consommateurs américains, dont la confiance a reculé fortement en avril pour le quatrième mois d'affilée: les sondés du dernier baromètre publié vendredi redoutent une inflation massive, une dégradation de l'activité économique et une hausse du chômage.
Première victime de cette érosion de la confiance des investisseurs: le dollar, monnaie incontournable dans les échanges financiers mondiaux et longtemps considéré comme un actif de confiance, s'affiche en net recul.
Un temps propulsé par l'élection à la Maison Blanche de Donald Trump, le billet vert a perdu plus de 8% depuis l'investiture du président américain. Rien que vendredi, il a reculé de 1,36% jusqu'à 1,1355 dollar pour un euro, au plus bas depuis trois ans.
Le billet vert sert habituellement de "baromètre de l'anxiété du marché", explique Fawad Razaqzada, analyste de City Index.
La dette américaine n'attire plus
Le marché de la dette américaine est aussi délaissé, ce qui provoque une flambée du rendement des bons du Trésor. Le rendement de l'obligation à dix ans américaine, référence, atteignait vers 21H20 GMT 4,49%, contre 4,43% jeudi à la clôture, après avoir atteint un plus haut depuis février.
Un contraste flagrant avec le début du mois, lorsque le taux à 10 ans avait touché un plus bas depuis octobre, à 3,88%.
Cette flambée est d'autant plus surprenante que "les obligations d'État américaines, normalement considérées comme l'un des investissements les plus sûrs, devrait bénéficier (des périodes) de turbulences", relève Ole Hansen, analyste de Saxo Bank.
"Le message était clair: la vente massive d'actifs à risque a poussé la Maison Blanche à assouplir sa position, au moins temporairement", poursuit-il.
"Je surveillais le marché des obligations", a lui-même reconnu le président américain mercredi, ajoutant avoir constaté que ses surtaxes douanières "effrayaient un peu" les investisseurs.
L'or, dernière valeur refuge
"La flambée désordonnée des rendements des bons du Trésor américain à long terme", parallèle à la baisse des marchés boursiers mondiaux, a laissé "les investisseurs sans options sûres", hormis quelques devises comme le franc suisse et le yen, mais surtout "l'or", souligne M. Hansen.
Le métal précieux s'est hissé vendredi à un nouveau record historique, à plus de 3.245 dollars l'once.
Le pétrole chute sur la semaine
Le pétrole, stable vendredi, souffre aussi de la guerre commerciale entre les deux plus grandes puissances économiques. Depuis le 2 avril, les deux références mondiales du brut ont dégringolé d'environ 15%.
Le Brent de la mer du Nord, référence européenne, s'est finalement stabilisé à 64,76 dollars le baril, et son équivalent américain, le WTI, à 61,50 dollars le baril à la clôture vendredi.
O.Bruneau--PS