
Retrait d'un rein de porc d'une patiente américaine après quatre mois de fonctionnement, un record

Une Américaine ayant bénéficié d'une greffe de rein de porc a dû se faire retirer l'organe que son corps a commencé à rejeter après plus de quatre mois, ce qui constitue toutefois un record, a annoncé vendredi l'hôpital l'ayant opérée.
Towana Looney, une quinquagénaire de l'Alabama, avait été greffée fin novembre d'un rein de porc génétiquement modifié, une pratique encore très expérimentale mais qui nourrit l'espoir de répondre à la pénurie chronique d'organes.
Ce retrait illustre à quel point cet objectif reste encore lointain, mais est encourageant, l'organe ayant rempli ses fonctions pendant 130 jours, soit plus de quatre mois, un record. Jusqu'à présent, aucun patient n'avait réussi à survivre plus de deux mois après une telle greffe.
"Pour la première fois depuis 2016, j'ai pu profiter mes amis et ma famille en ayant le temps, sans devoir tout planifier autour des traitements de dialyse", a confié la patiente dans un communiqué partagé par l'hôpital NYU Langone à New York. Et d'assurer qu'elle était "très reconnaissante (...) bien que le résultat ne soit pas celui que tout le monde espérait".
Cette Américaine avait fait don en 1999 d'un de ses reins à sa mère et vivait depuis huit ans sous dialyse après qu'une complication survenue lors d'une grossesse eût endommagé son rein restant. Ne trouvant pas de donneur compatible, elle avait été autorisée à recevoir un rein génétiquement modifié car son état de santé se dégradait.
Malgré de premiers résultats encourageants, "début avril, elle a connu une diminution de la fonction rénale due à un rejet aigu", a déclaré son chirurgien, Robert Montgomery, dans le communiqué.
"La cause de cet épisode de rejet après une longue période de stabilité fait l'objet d'une enquête, mais il a suivi une réduction de son traitement immunosuppresseur afin de traiter une infection sans lien avec le rein de cochon", a-t-il détaillé.
Ce traitement vise à inhiber l'activité du système immunitaire afin d'éviter que ce dernier ne s'attaque à l'organe greffé et ne provoque son rejet, mais affaiblit ainsi les capacités de l'organisme à répondre aux menaces extérieures.
La décision de retirer l'organe a été prise par la patiente et ses médecins afin de préserver une "possibilité future de transplantation pour elle", a précisé M. Montgomery.
X.Francois--PS