
La guerre commerciale provoque une perte de confiance dans les actifs américains

Les marchés financiers mondiaux font vendredi face à un fort degré d'incertitude à mesure que les Etats-Unis et la Chine s'enfoncent dans la guerre commerciale, provoquant une perte de confiance dans les actifs américains.
"Il semble que la perspective d’une incertitude économique prolongée oblige les investisseurs à réévaluer la sécurité autrefois fiable des actifs américains, c’est pourquoi les actions, les obligations et le dollar rencontrent tous des difficultés", note Fawad Razaqzada, analyste chez City Index.
Dernier épisode en date: la Chine a annoncé vendredi qu'elle porterait ses droits de douane supplémentaires sur les produits américains à 125%, en réaction aux surtaxes monumentales de 145% imposées par la Maison Blanche cette semaine sur les importations venant de la Chine.
"Les investisseurs ont à nouveau eu à affronter une semaine de volatilité, essentiellement centrée autour des annonces de la Maison Blanche", commente Florian Ielpo, responsable de la recherche macroéconomique pour Lombard Odier IM.
Après une semaine de montages russes, l'hésitation est de mise jeudi sur les marchés d'action européens. Vers 14H00 GMT, la Bourse de Paris prenait 0,13% et Londres 0,96%, quand Francfort perdait 0,73% et Milan 0,44%.
A Wall Street, le Dow Jones gagnait 0,41%, l'indice Nasdaq 0,60% et l'indice élargi S&P 500, 0,47% après une ouverture dans le rouge.
Même si Pékin a annoncé qu'il "ignorera" toute réplique des Etats-Unis en matière de droits de douane, les marchés craignent "un découplage économique désordonné entre les deux plus grandes économies du monde", relèvent les analystes de la Deutsche Bank.
Mercredi, Donald Trump avait annoncé le gel pour 90 jours des surtaxes punitives qu'il venait d'imposer à 60 partenaires commerciaux à l'exception de la Chine, le temps de boucler des négociations avec Washington.
Dans l'immédiat, l'UE a suspendu sa riposte, ce que Donald Trump a jugé "très intelligent".
Le roi dollar tombe
Face à l'incertitude provoquée par la politique commerciale de Donald Trump, entre taxes punitives et volte-face, "le dollar américain a pris un coup", souligne Fawad Razaqzada.
Il a atteint vendredi un plus bas en trois ans face à l'euro. Longtemps considéré comme un actif de confiance, le billet vert a perdu près de 5% par rapport à la monnaie unique depuis le début du mois.
Vers 14H00 GMT, le dollar dévissait de 1,19% face à la devise européenne à 1,1340 dollar pour un euro, et reculait aussi face à la livre (-0,86% à 1,3087 dollar pour une livre) ou le franc suisse (-1,03% à 0,8155 franc suisse pour un dollar).
Le billet vert sert habituellement de "baromètre de l'anxiété du marché", explique M. Razaqzada, mais il souffre actuellement du manque de crédibilité et de la perte de confiance des investisseurs dans l'économie américaine.
"Actuellement, on peut avoir l'impression que les États-Unis ne savent plus ce qu'ils font", explique Andreas Lipkow, analyste indépendant.
Fuite des actifs américains
Le marché de la dette américaine est aussi délaissé, ce qui provoque une flambée du rendement des bons du Trésor américain. Le rendement de l'obligation à dix ans américaine, référence, se situait vers 14H00 GMT à 4,49%, peu après après avoir franchi la barre des 4,50%, un plus haut depuis février.
Cette hausse est d'autant plus surprenante que "les obligations d'État américaines, normalement considérées comme l'un des investissements les plus sûrs, devrait bénéficier (des périodes) de turbulences", relève Ole Hansen, analyste de Saxo Bank.
"Le message était clair: la vente massive d'actifs à risque a poussé la Maison Blanche à assouplir sa position (douanière), au moins temporairement", poursuit-il.
"Je surveillais le marché des obligations", a lui-même reconnu le président américain mercredi, ajoutant avoir constaté que ses surtaxes douanières "effrayaient un peu" les investisseurs.
L'or, dernière valeur refuge
"La flambée désordonnée des rendements des bons du Trésor américain à long terme", parallèle à la baisse des marchés boursiers mondieux, a laissé "les investisseurs sans options sûres", hormis quelques devises comme le franc suisse et le yen, mais surtout "l'or", souligne M. Hansen.
Le métal précieux s'est hissé vendredi à un nouveau record historique, à plus de 3.244 dollars l'once.
Vers 14H00 GMT, il évoluait à 3.221,85 dollars l'once, plébiscité pour ses performances de réserve de valeur.
D.Petit--PS