
Guerre commerciale: Xi appelle l'UE à "résister ensemble", les marchés toujours fébriles

Le président chinois Xi Jinping a appelé vendredi l'Union européenne à "résister ensemble" face à la guerre commerciale de Donald Trump qui maintient les marchés boursiers dans un état de grande fébrilité.
"La Chine et l'UE doivent assumer leurs responsabilités internationales, protéger conjointement la mondialisation économique et l'environnement commercial international, et résister ensemble à toute coercition unilatérale", a lancé M. Xi à Pékin lors d'une rencontre avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.
Après son revirement spectaculaire mercredi, l'imprévisible président des Etats-Unis a une nouvelle fois défendu jeudi à Washington son offensive sur les droits de douane censée rapatrier de la production industrielle aux Etats-Unis, en assurant qu'elle était une "bonne chose".
Le président français Emmanuel Macron a prévenu vendredi dans un message posté sur X que le rabaissement des droits de douane américains à 10% était "une pause fragile" et qu'"avec la Commission européenne, nous devons nous montrer forts: l'Europe doit continuer de travailler sur toutes les contre-mesures nécessaires".
Mais, face à l'incertitude que provoque la politique de Donald Trump et à la poussée de fièvre sino-américaine, les marchés financiers continuaient de tanguer.
Dans le sillage de Wall Street, l'indice de Tokyo plongeait de 3,37% vers 06H00 GMT et l'indice de Séoul perdait 0,64%. Wall Street avait terminé en net recul jeudi, le Dow Jones perdant 2,50% et l'indice Nasdaq 4,31%.
Après avoir ouvert en baisse, les places chinoises ont toutefois basculé dans le vert, à l'image de Shanghai dont l'indice reprenait 0,75%.
En Europe, les marchés boursiers devraient ouvrir en petite hausse vendredi, sur un marché reprenant son souffle au terme d'une semaine de montagnes russes.
Les contrats d'avant-séance à Paris sur le CAC 40 prenaient 1,06%, une quarantaine de minutes avant le début de la séance. La veille, l'indice vedette parisien avait fini à +3,83%.
Les autres indices européens devraient aussi grimper, à l'image de Francfort (+1,04%), Londres (+1,01%) et Milan (+1,04%).
Les Bourses avaient rebondi après le gel de 90 jours, annoncé mercredi par Donald Trump, des surtaxes punitives qu'il venait d'imposer à 60 partenaires commerciaux, le temps de boucler des négociations avec Washington.
Mais les Etats-Unis maintiennent depuis début avril des taux planchers de 10% et des surtaxes douanières de 25% sur l'acier, l'aluminium et l'automobile, notamment contre l'UE.
- "Très intelligent" -
Le cas de la Chine, finalement frappée par une surtaxe monumentale à 145%, effraie aussi les investisseurs.
L'UE, de son côté, a suspendu sa riposte, ce que Donald Trump a jugé "très intelligent".
Mais si les discussions avec les Etats-Unis échouent, la Commission européenne pourrait taxer les géants américains de la tech, dorénavant soutiens de Donald Trump, a menacé sa présidente Ursula von der Leyen.
"Il existe un large éventail de contre-mesures", a-t-elle indiqué dans le Financial Times, citant "une taxe sur les revenus publicitaires des services numériques" et le recours à l'"instrument anticoercition", surnommé "bazooka" et pensé comme un outil de dissuasion.
M. Trump, qui bouleverse l'ordre économique international, s'est montré serein jeudi en jugeant que "la transition aura un coût et posera des problèmes" mais qu'en fin de compte, "ça sera une bonne chose".
Son ministre des Finances Scott Bessent a affirmé ne "rien" voir d'"inhabituel aujourd'hui" sur les marchés, alors que des élus démocrates ont estimé que le président républicain les avait peut-être illégalement manipulés en encourageant l'achat d'actions juste avant sa volte-face mercredi.
Un soupçon de délit d'initié selon des démocrates.
Offrant du répit au reste du monde, l'ancien magnat de l'immobilier cible en priorité le rival chinois.
- "Très intelligent" -
Isolée face à l'administration Trump, la deuxième puissance mondiale, que les Etats-Unis jugent responsable d'une terrible crise de santé publique liée à un opioïde dans le pays, a promis de "se battre jusqu'au bout".
"La porte est ouverte pour des négociations, mais ce dialogue doit être mené sur un pied d'égalité et basé sur le respect mutuel", a toutefois tempéré le ministère chinois du Commerce.
D'autres pays asiatiques - très dépendants de leurs exportations vers les Etats-Unis - font profil bas. A l'instar du Vietnam et du Cambodge, producteurs de textiles et membres de l'Association des nations d'Asie du sud-est (Asean), laquelle a dit qu'elle ne prendrait pas de mesures de rétorsion.
L'impétueux président a encore menacé jeudi soir le Mexique de nouveaux droits de douane.
Avec ses taxes à l'importation, Donald Trump pense avoir trouvé la martingale pour relocaliser la production industrielle dans son pays qu'il estime être victime de méfaits de la mondialisation.
Il veut ainsi encaisser des droits de douane et pousser ses partenaires à prendre plus de biens exportés.
Mais, selon le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz, les pays qui commercent avec les Etats-Unis ne savent pas "comment négocier" car "il n'y a pas de théorie économique derrière ce qu'il [Donald Trump] fait".
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Z.Garcia--PS