
Défense: mobilisation chez Thales, Dassault et ArianeGroup pour le "partage des richesses"

Plus d'un millier d'employés de l'industrie de la défense, mobilisés près de Bordeaux depuis plusieurs semaines, ont manifesté jeudi pour un meilleur "partage des richesses" créées par Thales, Dassault ou ArianeGroup, et reçu le soutien du ministre des Armées Sébastien Lecornu.
Environ 1.500 manifestants, selon la préfecture et l'intersyndicale, ont défilé près de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac contre le "mépris" des propositions d'augmentation des salaires au sein de ces grands groupes, qui bénéficient pourtant d'un regain de commandes aéronautiques et militaires sur fond de réarmement européen.
"L'an dernier, on avait 4% de revalorisation salariale. Et cette année où les résultats sont historiques, on n'a plus que 2%" proposés, a-t-il pointé.
Les salariés de Thales, mobilisés mi-janvier avec une "grève perlée" pour peser sur les négociations annuelles obligatoires (NAO), ont basculé fin mars en grève quotidienne reconductible, avec 80% de la production du site de Mérignac bloquée selon eux et l'interruption, notamment, de la production du radar RBE2 qui équipe les avions de chasse Rafale de Dassault.
"On a vraiment un gros problème de partage des richesses" face à des "marges extraordinaires", a souligné Laurent Gaborit, délégué CGT chez Thales.
"Les richesses sont principalement dirigées vers les actionnaires avec des hausses de dividendes complètement folles alors qu'il nous manque de l'investissement dans les produits futurs (...) et de l'investissement humain pour revaloriser correctement les salariés", a-t-il plaidé.
Interrogé mercredi par la commission de la défense de l'Assemblée nationale, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a apporté son soutien aux salariés mobilisés.
"Il faut qu'on ait une grande lisibilité désormais sur la répartition de la valeur dans les industries de défense", a déclaré le ministre.
"Sur l'effort de défense il ne peut pas y avoir de doute sur la juste répartition de cette richesse", a-t-il ajouté, s'étonnant que le "dialogue social" avec les salariés ne soit pas à la hauteur des "rachats d'actions" décidés en faveur des actionnaires.
Sébastien Lecornu a reconnu ne pas être sur la même ligne que le ministère de l'Économie et des Finances, sensible aux dividendes versés par Thales dont l'État est actionnaire à hauteur de 26%.
"Il arrive qu'il y ait un tout petit décalage entre l'État client (...) et l'État actionnaire", a-t-il admis.
L.Leduc--PS