Droits de douane: la volte-face de Trump dope les Bourses en Asie
Donald Trump a provoqué une envolée des Bourses en Asie jeudi matin après sa spectaculaire volte-face sur les droits de douane imposés au reste du monde, et malgré le fait qu'il a augmenté encore la surtaxe contre le rival chinois.
Quelques jours après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a annoncé mercredi une suspension pendant 90 jours des taxes à l'importation imposées à des dizaines de pays et partenaires, notamment contre l'Union européenne, en principe en vigueur depuis mercredi 04H01 GMT.
"Il faut être flexible", a justifié Donald Trump devant la presse à la Maison Blanche en reconnaissant que sa retentissante décision d'un matraquage douanier "effrayait un peu" des investisseurs "fébriles".
Il a indiqué avoir suivi le marché obligataire où la dette américaine, cette valeur refuge par excellence, a été vivement chahutée ces derniers jours.
En revanche, reprochant à la seconde puissance mondiale chinoise un prétendu "manque de respect", le président américain a annoncé sur son réseau Truth Social porter "immédiatement" à 125% la taxe frappant les importations de Pékin. Ces droits de douane étaient déjà montés mercredi à 104%.
Donald Trump s'est par ailleurs félicité que "plus de 75 pays" se soient manifestés pour "négocier".
Ces partenaires commerciaux des Etats-Unis n'ayant selon lui pas "riposté", il leur a accordé "une pause de 90 jours et des droits réciproques substantiellement réduits durant cette période, de 10%, également effectifs immédiatement".
- Cela vient "du coeur" -
"Cela venait du coeur", l'idée étant de ne "pas faire de mal" à ceux qui sont prêts à discuter, a justifié l'impétueux milliardaire dans le Bureau ovale.
Et contre la Chine, Donald Trump a dit ne "pas imaginer" devoir encore augmenter les droits de douane.
Les Bourses en Asie se sont envolées jeudi matin, dans le sillage de Wall Street.
Vers 02H00 GMT à Tokyo, l'indice vedette Nikkei a bondi de 7,85% et l'indice Kospi de Séoul a gagné 5,25%. Même en Chine, la Bourse de Shanghai est repassée dans le vert, avec une hausse de 1,16%.
Les surtaxes décidées par Washington et dorénavant suspendues frappaient de nombreuses économies asiatiques très dépendantes de leurs exportations, dont le Japon (surtaxé à 24%), la Corée du Sud (25%), la Thaïlande (36%) ou le Vietnam (46%).
Avant de faire volte-face, l'imprévisible président conservateur qui bouleverse l'ordre économique et géopolitique international avait écrit sur Truth Social "C'EST LE MOMENT D'ACHETER", en allusion à l'effondrement des Bourses depuis vendredi.
Alors que les sondages montrent une défiance croissante d'Américains envers leur président revenu au pouvoir le 20 janvier, ses partisans ont tenté de le défendre.
"C'était sa stratégie depuis le début", a assuré le ministre des Finances Scott Bessent. L'un de ses proches conseillers, Stephen Miller, a vanté sa "stratégie magistrale" et son "audace" pour "isoler" Pékin.
- Risque de récession -
M. Trump a semé la panique dans le monde en annonçant la semaine dernière des surtaxes douanières sur les produits de 60 partenaires commerciaux, avec un traitement plus brutal contre la Chine.
Cette dernière a répliqué du tac-au-tac, en portant ses surtaxes contre les produits américains à 84%, et non 34% comme initialement prévu.
Visée depuis mi-mars par des droits de douane américains de 25% sur l'acier et l'aluminium, l'UE a adopté ses premières mesures soigneusement calibrées, contre plus 20 milliards d'euros de marchandises "made in USA".
Bruxelles s'était toutefois dite prête à suspendre ses droits de douane "à tout moment" en cas d'accord "juste et équilibré" avec Washington.
Pour le futur chancelier allemand Friedrich Merz, la marche arrière de Donald Trump est une "réaction à la détermination des Européens".
Reste donc à savoir comment va de nouveau réagir Pékin, le président américain assurant que la Chine "voulait" un accord mais ne "savait pas comment s'y prendre".
Nombre d'économistes alertent sur les risques de flambée de l'inflation et de récession mondiale.
La guerre commerciale pourrait réduire de "jusqu'à 80%" les échanges de marchandises entre les deux premières économies de la planète et effacer "près de 7%" du PIB mondial sur le long terme, a mis en garde la directrice générale de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala.
Sans même parler de l'escalade diplomatique entre la Chine et les Etats-Unis aux relations déjà tendues depuis des années.
Pékin a appelé ses ressortissants à la "prudence" face aux "risques" potentiels d'un voyage touristique aux Etats-Unis.
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E.Roger--PS