
Des élus républicains menacent de retarder le budget voulu par Trump

Partisans de coupes encore plus profondes dans les dépenses publiques américaines, des élus républicains au Congrès menacent mercredi de torpiller une résolution budgétaire pourtant ardemment désirée par Donald Trump, qui y voit le moyen de financer certaines de ses mesures-phare au plus tôt.
La résolution, qui n'est pas un budget en soi mais une feuille de route sur les niveaux de dépenses à prévoir pour l'Etat fédéral, doit être présentée au vote à la Chambre des représentants dans l'après-midi, après avoir été adoptée par le Sénat samedi.
Son adoption par la chambre basse ouvrirait la voie au travail en commissions pour élaborer un budget et inclure certains points de son programme, comme l'extension des crédits d'impôts massifs adoptés lors de son premier mandat.
Mais plusieurs élus républicains, fervents partisans d'une réduction du déficit, ont affirmé qu'ils rejetteraient la résolution, car la version adoptée par le Sénat ne prévoit que 4 milliards de dollars de coupes dans les dépenses fédérales, quand ils souhaiteraient se rapprocher des 1.500 milliards de dollars.
"On nous dit: +Faites nous confiance+, il y a une promesse de coupes des dépenses. Mais excusez-moi si je ne fais pas confiance à Washington", a déclaré mercredi l'un d'entre eux, l'élu texan Chip Roy.
- "Fermez les yeux" -
Face à la mutinerie qui couve dans les rangs républicains, Donald Trump en personne exhorte ses troupes à voter la résolution actuelle.
"Républicains, il est plus important que jamais d'adopter cette unique, grande et belle loi", a-t-il écrit mercredi matin sur son réseau Truth Social. "Les Etats-Unis vont prospérer comme jamais."
Donald Trump avait convoqué la veille une vingtaine d'élus récalcitrants à la Maison Blanche avec la volonté de les faire rentrer dans le rang.
Selon plusieurs médias américains, le président leur aurait promis qu'il réduirait les dépenses publiques bien au-delà des objectifs du Sénat, quel que soit le contenu du texte.
Mais de nombreux experts budgétaires avertissent que pour parvenir à de telles réductions, il faudra passer par des coupes majeures dans des programmes publics comme Medicaid, l'assurance santé de nombreux Américains aux revenus modestes.
L'opposition démocrate s'époumone déjà contre toute atteinte à ce programme ou à la sécurité sociale, qui verse des retraites et des aides sociales.
Au cours d'un discours devant un parterre de républicains mardi soir, Donald Trump a insisté: "Juste au cas où il y aurait quelques républicains par ici: vous devez le faire. Fermez les yeux et allez-y. C'est un projet de loi phénoménal. Arrêtez de vous faire remarquer".
- Vacances -
Le patron de la majorité à la chambre basse, Mike Johnson, s'escrime aussi à convaincre son groupe, fort de 220 élus contre 213 députés démocrates, mais divisé.
"Les républicains ont une occasion historique, qui ne se présente qu'une fois par génération, de soulager les familles qui travaillent dur et de remettre notre pays sur le chemin de la prospérité", a-t-il martelé devant la presse.
Face à l'opposition en bloc des démocrates, le "speaker" sait qu'il ne peut se permettre de perdre plus de trois voix dans son camp. Un rejet verrait la navette parlementaire repartir de zéro, une nouvelle version devant être adoptée par les deux chambres.
Le temps presse en outre, puisque la chambre basse part vendredi en vacances parlementaires pour deux semaines.
Certains élus préfèreraient se pencher sur le texte après la pause, mais les responsables républicains s'inquiètent de l'impact d'un tel délai sur la mise en oeuvre des priorités politiques de Donald Trump. Ils veulent aussi envoyer un signal positif aux marchés, qui ont dévissé sous le déluge de droits de douane imposés par le président américain au reste du monde.
Même si Wall Street est reparti en forte hausse mercredi après-midi, à l'annonce de Donald Trump d'une "pause" dans la guerre commerciale, sauf vis-à-vis de la Chine.
D.Petit--PS