
MeToo: Judith Godrèche appelle à rendre concrètes les préconisations du rapport parlementaire

Le rapport de la commission d'enquête sur les violences sexistes et sexuelles dans la culture rendu public mercredi est "impressionnant" et doit se traduire "en législation", a exhorté Judith Godrèche, l'actrice fer de lance de MeToo qui avait appelé de ses voeux la création de cette instance.
Après six mois d'auditions auprès de 350 personnalités du cinéma, de l'audiovisuel ou du spectacle vivant, le constat des députés membres de cette commission est sans appel: "Les violences morales, sexistes et sexuelles dans le monde de la culture sont systémiques, endémiques et persistantes", écrit sa présidente, l'écologiste Sandrine Rousseau, dans ce document qui livre près de 90 recommandations pour freiner "la machine à broyer les talents".
Judith Godrèche a qualifié le constat d'"impressionnant et assez terrifiant". "Mais je n'en suis pas étonnée parce que je ne m'attendais pas à mieux", a-t-elle déclaré sur Franceinfo mercredi.
La comédienne a appelé le monde politique à s'en emparer afin que "plus personne ne puisse dire +On ne savait pas+". "Il faut qu'elle (la commission, ndlr) (...) se traduise en loi, en législation, qu'elle ne soit pas rangée dans les bureaux de l'assemblée nationale".
"Dans notre pays, on a un culte du talent et du génie créateur", avait commenté pour l'AFP Erwan Balanant, député centriste et rapporteur de la commission. "Et ce génie créateur a une sorte de quitus pour créer son œuvre, qui serait, pour certains, plus importante que les règles de notre République".
Il a aussi décrit, comme facteur propice aux violences, un environnement marqué par "l'entre-soi": "on connaît tout le monde", ce qui fait que "tout le monde se tient et plus personne ne parle", a-t-il relaté mercredi sur France Inter, tandis que Sandrine Rousseau a parlé d'"omerta". "Neuf dixièmes" des personnes que la commission a souhaité interroger "ont refusé de venir par peur et parce qu'elles étaient terrorisées pour leur carrière", a-t-elle affirmé.
- "priorité" -
Pour la ministre de la Culture Rachida Dati, qui a été auditionnée et "a suivi les travaux" de la commission, ces questions sont "une priorité" et la membre du gouvernement "n"a pas attendu ce rapport pour agir", a déclaré une source gouvernementale à l'AFP.
"Forcément, il va y avoir des échanges avec les parlementaires", a-t-on ajouté de même source, soulignant que "c'est aussi un sujet (à traiter, ndlr) pour les secteurs" pointés du doigt.
Dans ses 86 recommandations, la commission appelle à interdire la "sexualisation" des mineurs à l'écran, réglementer les castings, le travail des enfants acteurs ou encore les scènes d'intimité.
"Un enfant a besoin d'être extrêmement entouré sur un plateau (...) Il y a un cadre à créer qui va coûter des sous, il est important que le CNC (Centre national du cinéma, ndlr) s'implique et que le ministère de la Culture" s'implique aussi, a plaidé Judith Godrèche sur Franceinfo.
L'une de ces recommandations prône aussi d'inscrire dans le code de procédure pénale une obligation pour les employeurs de signaler les faits de VHSS (violences et harcèlements sexistes et sexuels) portés à leur connaissance. Une mesure à laquelle Judith Godrèche s'est dite favorable, soulignant la nécessité "que les gens qui ont le plus de pouvoir sur un plateau s'emparent de la détresse de celles et ceux qui en ont le moins".
Sandrine Rousseau et Erwan Balanant ont rappelé sur France Inter ne pas avoir pas auditionné de personnes mises en cause devant la justice, appliquant "à la lettre les règles d'une commission d'enquête", à savoir que "nous ne devons pas empiéter sur le domaine judiciaire".
Alors que 19 avocats ont publié dans Marianne une tribune dans laquelle ils reprochent à la commission d'avoir empiété, lors de certaines auditions, sur des procédures judiciaires en cours, M. Balanant a démenti, assurant que c'était "une négation de la réalité".
U.Andre--PS