Chine et Etats-Unis s'enfoncent dans la guerre commerciale
Donald Trump a mis sa menace à exécution: les Etats-Unis vont imposer à partir de mercredi des droits additionnels de plus de 100% sur les produits chinois, un affrontement entre les deux premières économies mondiales qui électrise les places financières malgré les perspectives de négociations avec d'autres pays.
"La Chine n'acceptera jamais cela", a martelé mardi un porte-parole du ministère chinois du Commerce, alors que Donald Trump menaçait d'augmenter encore de 50 points les droits perçus sur les importations en provenance de Chine, si ce pays répliquait à une première salve de 34 points annoncée la semaine dernière.
Mais Pékin a répliqué par une hausse de 34 points également de ses droits de douane sur les produits américains à compter de jeudi. "Si les Etats-Unis persistent dans cette voie, la Chine les combattra jusqu'au bout", a averti le porte-parole chinois.
Au total, le président américain a imposé des droits supplémentaires de 104% sur les produits chinois depuis son retour à la Maison Blanche fin janvier. Un niveau totalement prohibitif.
Au plan mondial, une première salve de droits de 10% est entrée en vigueur samedi sur l'ensemble des importations des Etats-Unis et une deuxième devait être déclenchée mercredi à 04H00 GMT pour plusieurs dizaines de partenaires commerciaux majeurs, notamment l'UE (20%) et le Vietnam (46%).
- "Sur mesure" -
Si les annonces du président américain ont semé un vent de panique sur les places financières, le principal intéressé a tenu à rassurer mardi, prédisant des "accords sur mesure" avec plusieurs concurrents.
"Tout se passe très bien pour nous, on fait ce que j'appelle des accords sur mesure, pas du prêt-à-porter, mais de la haute couture. A cet instant même, le Japon est en route pour conclure un accord, la Corée du Sud aussi. Et d'autres encore", a-t-il assuré.
Même les Chinois "veulent arriver à un accord, désespérément", avait-il affirmé plus tôt dans la journée. "Nous attendons leur appel. Ça finira par arriver".
Washington semble jouer des divisions entre ses partenaires commerciaux.
Le président Trump décidera "quand et si nous devons parler avec la Chine, mais pour l'instant, nous avons reçu l'instruction de donner la priorité à nos alliés et à nos partenaires commerciaux comme le Japon, la Corée et d'autres", a commenté le principal conseiller économique de la Maison Blanche, Kevin Hassett.
Le ministre des Finances Scott Bessent avait, lui, indiqué que "peut-être près de 70 pays" auraient déjà contacté l'administration américaine pour discuter.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé à "éviter l'escalade", lors d'un entretien téléphonique avec le Premier ministre chinois Li Qiang. Elle a aussi plaidé pour "une résolution négociée".
L'UE prépare sa propre réponse, qui devrait être présentée "en début de semaine prochaine", d'après un porte-parole de la Commission. Mais selon une liste consultée par l'AFP, le bourbon ne sera pas concerné par la surtaxe de 25% que Bruxelles propose d'imposer sur des produits américains.
Pour le président français Emmanuel Macron, "l'objectif est d'arriver à une situation où le président Trump revienne sur sa décision".
- Wall Street replonge -
Après un rebond des places mondiales mardi, Wall Street a replongé avec la confirmation des nouveaux droits de douane punitifs contre la Chine, l'indice Dow Jones terminant la séance en baisse de 0,84%.
Paris avait auparavant regagné 2,50%, Londres 2,71% et Tokyo 6,02%.
Le pétrole américain a clôturé sous 60 dollars, une première depuis avril 2021, du fait des perspectives de ralentissement de la croissance.
"Personne ne gagne une guerre commerciale", a averti le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, se disant "particulièrement inquiet pour les pays en développement les plus vulnérables sur lesquels les impacts seront plus dévastateurs".
Les tensions commerciales se répercutent aussi au sein de l'administration américaine: Elon Musk, qui mène pour Donald Trump une mission de réduction drastique de la dépense publique, a traité sur son réseau X le conseiller au commerce Peter Navarro de "crétin (...) bête comme ses pieds".
M. Musk, qui s'est déjà prononcé en vain en faveur d'une suppression des droits de douane entre l'Europe et les Etats-Unis, a mal pris des propos de M. Navarro sur le manque de pièces américaines dans les automobiles Tesla, dont il est propriétaire.
burs/bar/bpe
K.Grimaud--PS