
Droits de douane: la Chine ira "jusqu'au bout", l'UE veut "éviter l'escalade"

La Chine a promis mardi de combattre les droits de douane américains "jusqu'au bout", poussant l'Union européenne à tenter de calmer les tensions qui ont fait plonger les bourses mondiales ces derniers jours.
A la veille de l'entrée en vigueur des surtaxes américaines sur les importations chinoises et européennes, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé à "éviter l'escalade", lors d'un entretien téléphonique avec le Premier ministre chinois Li Qiang.
Elle a aussi plaidé pour "une résolution négociée de la situation actuelle", a indiqué l'UE dans un communiqué.
Les risques d'escalade d'une guerre commerciale entre les deux premières puissances commerciales mondiales sont réels. Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a déjà frappé les produits chinois d'une surtaxe de 20%. Avec les 34% annoncés la semaine dernière, elle doit atteindre 54% à partir de ce mercredi.
Le président républicain a en outre brandi la menace d'imposer dès ce mercredi des taxes additionnelles à hauteur de 50% sur les importations chinoises, si Pékin ne renonce pas à appliquer des droits de douane supplémentaires de 34% sur les produits américains à compter de jeudi 10 avril.
"La Chine n'acceptera jamais cela", a répondu mardi un porte-parole du ministère chinois du Commerce. "Si les Etats-Unis persistent dans cette voie, la Chine les combattra jusqu'au bout", a-t-il dit.
"Si les États-Unis veulent vraiment dialoguer, alors ils devraient faire preuve d'une attitude basée sur l'égalité, le respect et la réciprocité", a souligné devant la presse Lin Jian, un représentant du ministère des Affaires étrangères.
- Rebond des marchés boursiers -
Donald Trump affirme que les Etats-Unis sont "pillés" par le reste du monde, raison pour laquelle il a décidé d'imposer un taux additionnel de 10% sur tous les produits importés aux États-Unis, - entré en vigueur samedi -, avec quelques exceptions comme l'or et l'énergie.
Ce taux doit être relevé dès mercredi pour plusieurs dizaines de partenaires commerciaux majeurs, notamment l'UE (à 20%) et le Vietnam (à 46%).
L'administration américaine assure néanmoins rester ouverte à la négociation, alimentant un rebond de certains marchés boursiers après plusieurs séances de plongeon: Tokyo a ainsi clôturé en hausse de 6,02% mardi, soutenue par des déclarations du ministre américain des Finances Scott Bessent.
Ce dernier a en effet indiqué sur Fox News que "le Japon aurait la priorité" dans des pourparlers à venir sur les droits de douane, après un entretien téléphonique entre le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba et Donald Trump lundi.
Les indices européens repassaient eux aussi dans le vert mardi, Paris gagnant 1,1% aux alentours de 11H00 GMT, +1,7% pour Londres et +1,1% pour Francfort.
Les marchés sont toutefois loin de compenser les milliards de dollars partis en fumée - 5.000 milliards de dollars pour le seul S&P - depuis mercredi dernier, quand le président américain a annoncé des droits de douane visant les importations à partir de la plupart des pays dans le monde, particulièrement élevés pour l'Europe et l'Asie.
Signe de la nervosité ambiante, la volatilité des places boursières, signalée par l'indice VIX qui reflète l'aversion au risque des investisseurs, est très élevée: mardi, cet indice a atteint des niveaux similaires à la panique qui avait traversé les marchés au début de la pandémie de Covid-19, en mars 2020.
- "Irresponsables" -
Selon les analystes, cette guerre commerciale risque de saper les économies mondiales, avec des risques d'inflation, de chômage et de baisse de croissance.
Le dirigeant de Hong Kong, John Lee, a d'ailleurs fustigé des droits de douane "irresponsables".
Lawrence Wong, le Premier ministre de Singapour, une place forte financière mondiale, s'est dit mardi "très déçu" par les Etats-Unis. "Un ami n'agit pas ainsi", a-t-il regretté.
Le Vietnam cherche, lui, à obtenir un report de l'application des droits de douane colossaux annoncés par Washington et a assuré vouloir acheter davantage de produits américains, notamment du matériel de sécurité et de défense.
L'UE, qui tente de faire taire les intérêts divergents de ses Etats membres sur la réponse à apporter, a proposé lundi une exemption des droits de douane totale et réciproque pour les produits industriels, dont les voitures.
"Pas suffisant", pour Donald Trump, qui reproche régulièrement à l'Europe de ne pas acheter assez de biens industriels américains.
Toutefois, le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, a assuré sur Fox News qu'une fois que des assurances seraient reçues des autres pays sur une plus grande ouverture de leurs marchés aux produits américains, "le président Trump sera prêt à négocier".
Scott Bessent a aussi précisé que "peut-être près de 70 pays" avaient déjà contacté l'administration américaine pour discuter.
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R.Fournier--PS