
Tchad: détention provisoire prolongée pour un correspondant de RFI

La demande de remise en liberté provisoire d'Olivier Monodji, journaliste correspondant de Radio France Internationale (RFI) au Tchad, arrêté et accusé de collusion avec la Russie, a été refusée par un juge d'instruction mercredi, a-t-on appris auprès de son avocat.
"Nous avons encore trois jours pour interjeter appel", a réagi Allahtaroum Amos, l'avocat du journaliste, qui a néanmoins mentionné ne pas encore être en possession de l'ordonnance de rejet de sa demande.
Trois journalistes soupçonnés d'avoir fourni "des informations liées à la sécurité et à l'économie" du pays et "d'avoir travaillé avec le groupe paramilitaire russe Wagner" ont été inculpés par le procureur de la République, Oumar Mahamat Kedelaye, pour "intelligence avec l'ennemi, attentat contre les institutions, complot, atteinte à l'ordre constitutionnel, à l'intégrité et à la sécurité du territoire national", et encourent de vingt à trente ans de prison, selon les avocats.
M. Kedelaye avait évoqué l'existence de "documents" les incriminant, obtenus après une "dénonciation".
Les deux autres journalistes interpellés sont toujours en détention provisoire, alors qu'un autre, Ahmat Ali Adji, de Toumaï Média, a été entendu par un juge d'instruction. Il avait été également soupçonné "d'intelligence avec une puissance étrangère".
"Le juge m'a interrogé sur la couverture médiatique faite à l'occasion de l'ouverture de la maison de la Russie, et il m'a demandé si j'ai des liens particuliers avec les Russes", a-t-il indiqué à l'AFP.
Aucune charge n'a été retenue contre lui à l'issue de son audition.
Dans un communiqué, le Patronat de la presse tchadienne (PPT) a exprimé son "indignation" et sa "vive inquiétude".
Le directeur régional de l'ONG Reporters sans frontières, Sadibou Marong, a appelé les autorités tchadiennes à cesser toute répression de la presse et permettre aux journalistes de travailler sans craindre de représailles.
La Russie, la Hongrie et les Émirats arabes unis font partie des partenaires de ce pays du Sahel, qui a obtenu fin janvier le retrait total des troupes françaises.
Mi-septembre, au moment de l'inauguration de la Maison russe de N'Djamena, trois Russes, dont l'un connu pour ses liens avec feu le patron du groupe Wagner, Evguéni Prigojine, avaient été interpellés à leur arrivée au Tchad.
Ils sont ensuite restés bloqués plusieurs semaines sans aucune explication des autorités tchadiennes ni des Russes.
R.Poirier--PS